Certaines blessures sont plus longues à guérir
Le 4 août, C. rentre à la maison à pied après la fin de son quart de travail à l’hôtel. Elle vit dans un petit studio dans le quartier de Karentina-Mdawar à Beyrouth, au Liban.
Elle avait à peine franchi les portes de l’établissement lorsque l’événement s’est produit. Son appartement était à moins d’un kilomètre de l’explosion qui a soufflé une partie de la ville.
Elle a déposé son sac et s’est couvert la tête de ses bras. Son instinct pourrait bien lui avoir sauvé la vie.
« Tout a explosé, les fenêtres, la porte, raconte C. Mon cou et mon bras étaient blessés. Je ne savais pas où j’étais, je ne pouvais pas bouger. »
C. est une travailleuse migrante d’Éthiopie âgée de 32 ans. Elle est arrivée au Liban à l’âge de 18 ans. Elle a ensuite travaillé comme femme de ménage pendant 10 ans avant d’obtenir un emploi dans un hôtel de Beyrouth.
Depuis le jour de la déflagration, les portes et les fenêtres de son appartement décoré de couleurs vives ont été réparées. Les travaux de construction se poursuivent aux alentours et à l’intérieur de l’édifice. Les blessures physiques au cou et au bras de C. sont guéries, mais les souvenirs douloureux demeurent.
« Parfois, lorsque je suis seule, les scènes que j’ai vues lorsque l’explosion s’est produite me remontent à l’esprit », raconte C.
Elle souffre d’insomnie et d’anxiété. Les images des blessés, couverts de sang et courant à travers les nuages de poussière, revenaient la hanter chaque fois qu’elle fermait les yeux.
C. a rencontré un psychothérapeute de Médecins du Monde qui l’a aidée à traiter son traumatisme et elle reçoit maintenant le soutien d’une travailleuse sociale.
« Je suis beaucoup mieux maintenant grâce au soutien que je reçois de Médecins du Monde, dit-elle, je dors beaucoup mieux qu’avant. »
C. explique qu’elle avait besoin de quelqu’un à qui parler, d’une personne avec laquelle partager sa douleur. Sa travailleuse sociale continue de la suivre en lui procurant des articles de soins personnels et du soutien psychologique.
« C’est comme une sœur pour moi », confie C.
Avant l’explosion de Beyrouth, les Libanais faisaient déjà face à des difficultés : une crise économique, une crise des réfugiés et la COVID-19. Après l’explosion, le Liban s’est retrouvé avec 300 000 personnes déplacées ayant besoin d’abris, de nourriture ou de soins médicaux.
La déflagration a également provoqué une crise de santé psychologique chez les enfants et les adultes atteints du trouble de stress post-traumatique. Médecins du Mondea fourni de l’aide en santé mentale et du soutien psychosocial aux personnes souffrant d’anxiété, de peur, de désespoir et de tristesse.
Beaucoup de citoyens de Beyrouth font de leur mieux pour faire face, simultanément, à la perte d’amis ou de membres de leur famille, aux blessures personnelles et à la reconstruction de leurs habitations. Des interventions rapides et un suivi approprié peuvent prévenir l’apparition chez eux de sérieux problèmes de santé mentale à long terme.
De son côté, C. se sent beaucoup mieux ces jours-ci. Elle fait ses courses et visite ses voisins. Elle est de retour au travail et reprend peu à peu sa vie en main.
Elle affirme continuer de puiser de la force dans la lecture de la Bible, dans la prière et auprès de son groupe spirituel communautaire.
« Je connais une femme qui est toujours dans le coma à cause de l’explosion, dit-elle. Je prie pour elle chaque jour. J’ai survécu par miracle. »