Construire un réservoir, bâtir une leader
Tout ce que Margret Nkudu avait bâti au fil de nombreuses années a disparu en quelques heures, y compris sa maison, son bétail, et le réservoir de trempage du village.
Quoi?
En mars 2019, le Mozambique, le Malawi et le Zimbabwe ont été dévastés par la pire catastrophe climatique n’ayant jamais frappé l’hémisphère sud. De vastes régions ont été inondées, des infrastructures détruites et plus d’un millier de personnes tuées. La catastrophe a touché quelque 3 millions de personnes.
« Les pluies et vents violents ont balayé la région pendant plus de 48 heures. Ma maison de deux pièces s’est écroulée et deux veaux ont été emportés par les eaux. Nous ne les avons jamais retrouvés », dit la jeune femme de 30 ans, mère de quatre enfants.
Le réservoir de trempage du village de Margret au Zimbabwe a subi de lourds dommages. Cette structure contribue sensiblement à la lutte aux tiques et aux maladies qui s’attaquent au bétail, prévenant 65 % des morts. Les animaux pénètrent dans la structure par une rampe d’accès qui descend vers un bassin rempli d’eau et d’insecticide pour ensuite émerger dans un enclos situé de l’autre côté. Un réservoir de trempage en bon état de fonctionnement est essentiel pour préserver les moyens de subsistance des habitants.
Afin de réparer le réservoir de trempage et d’autres structures essentielles au sein de la communauté, CARE Canada – avec le soutien financier de la Coalition Humanitaire et du gouvernement du Canada – a mis sur pied un programme qui vise à rémunérer les membres de la communauté pour faire le travail eux-mêmes. Cette approche procure aux villageois, outre des structures fonctionnelles, une source de revenus qui les aide à se remettre sur pied, les connaissances nécessaires pour entretenir et réparer les structures, et des compétences de gestion et de leadership comme ce fût le cas pour Margret.
Margret a été élue par la communauté comme directrice du projet de restauration du réservoir de trempage. Grâce à ses solides compétences en mobilisation et engagement communautaires, elle a géré avec succès les travaux de reconstruction du réservoir, y compris la clôture, le bassin, la rampe, l’enclos, les toilettes communales et la protection de l’environnement. Elle a par ailleurs acquis en cours de route des compétences de base en tenue de livres et comptabilité, y compris pour les paiements argent contre travail.
« Je ne m’attendais pas à être sélectionnée, encore moins à devenir présidente d’un groupe comptant des hommes et des femmes plus âgées dotés d’expérience en gestion de projets communautaires », dit-elle.
« Au départ, je manquais de confiance pour attribuer des tâches, planifier et organiser le travail. Mais le soutien que j’ai eu de mon mari, de mes collègues féminines sur le site et des membres du personnel de CARE a changé ma façon de voir les choses », dit-elle en repensant aux quatre mois passionnants consacrés au projet.
« J’ai appris que tant les femmes que les hommes peuvent faire preuve de leadership. »