Des collègues de la Coalition racontent leur expérience de la crise de la COVID-19 en Inde

« Je suis angoissée à l’idée de regarder mon téléphone le matin. Est-ce que quelqu’un d’autre a été infecté? Est-ce que quelqu’un d’autre est mort? Quelles sont les nouvelles que j’ai besoin de dire à mes parents âgés? »

Des propos qui rejoignent ceux de nos collègues se font entendre à travers le pays de la part de centaines de milliers d’Indo-Canadiens qui portent le fardeau d’attendre des nouvelles d’amis et de membres de leur famille en Inde.

« De la manière dont le virus se répand à travers l’Inde et en raison du taux de mortalité très élevé, c’est difficile de ne pas craindre pour tout le monde là-bas, mais en particulier pour ceux que j’aime », confie Christina Phillips, de la Banque canadienne de grains.

James Pothirajulu, de Vision Mondiale Canada, éprouve le même sentiment. « En tant qu’Indo-Canadien, je partage la peine, la douleur et le désespoir ressentis dans l’ensemble de notre communauté et à travers l’Inde. Des rapports bouleversants m’ont alarmé dont une nouvelle récente au sujet de centaines de corps qui flottent sur le Gange, présumément laissés là par leur famille qui ne peuvent obtenir de bois de bûcher funéraire pour une crémation. C’est une situation tout simplement inconcevable en Inde. Ma mère, mon frère et ma sœur sont en Inde et je m’inquiète chaque jour pour leur sécurité. »

Nos collègues travaillent pour des organismes d’aide humanitaire membres de la Coalition humanitaire. Ce sont des professionnels des communications, des politiques et des programmes et ils sont également Indo-Canadiens.

Christina Phillips ajoute : « La plupart d’entre nous qui travaillons en développement international le font parce qu’ils veulent aider les gens. Les histoires de douleur et de souffrance nous brisent le cœur. Et pour continuer, il est essentiel de maintenir une frontière émotionnelle. Mais lorsque votre travail consiste à prêter attention à une crise qui affecte les personnes que vous aimez, il n’y a pas d’échappatoire. Le travail et le personnel s’entrechoquent et c’est exténuant. C’est un poids lourd à porter. »

Irfan Nakhuda, d’Islamic Relief Canada, dit que confronté à la situation de sa famille en Inde, la distance émotionnelle qu’il maintient habituellement devant les « crises auxquelles l’humanité fait face à travers le monde » est impossible à conserver. « Lorsque la crise frappe chez nous et nous affecte directement, nous devenons presque paralysés », estime-t-il.

En tant que Coalition de 12 agences d’aide humanitaire, nous nous unissons afin d’intervenir lors d’urgences internationales comme la COVID en Inde. Nous avons tous lu les nouvelles et vu les images. Nous sommes au courant du manque d’oxygène, d’hôpitaux débordés, de bûchers funéraires et de familles dévastées. Nous avons entendu parler des cyclones et maintenant de la mucormycose ou infection à « champignon noir ». Nous comprenons qu’il y a un manque de nourriture pour plusieurs et que des vies et des moyens de subsistance seront perturbés pendant encore longtemps.

Nous sommes tous motivés à accomplir le travail que nous faisons pour intervenir dans cette crise, mais bien sûr, pour certains, il prend des dimensions plus personnelles.

Le président-directeur général du Conseil commercial Canada-Inde Victor T. Thomas, raconte recevoir quotidiennement des appels de gens dont les êtres aimés souffrent. Dans son autre rôle de président du conseil d’administration de CARE Canada, M. Thomas peut participer au travail qu’il estime être en mesure « d’améliorer la vie de plusieurs personnes ».

Simran Singh de Care Canada en offre un exemple : « Les agences membres de la Coalition humanitaire interviennent par le biais de leurs vis-à-vis établis en Inde pour distribuer du matériel et des soins d’urgence. Par exemple, nous avons ouvert deux installations de soins COVID de 100 lits et nous sommes en train d’en créer quatre supplémentaires avec accès à des soins médicaux de qualité, des équipements de protection personnelle et de l’oxygène. En tant qu’Indo-Canadien, je suis reconnaissant envers mes homologues en Inde qui œuvrent chaque jour à sauver des vies. »

Les récits de nos collègues sont un rappel de la douleur ressentie, mais comportent également un message de détermination et d’espoir.

M. Thomas poursuit : « Chaque avenue est explorée afin d’aider les gens en Inde pendant cette crise et j’encourage les Canadiens à appuyer la Coalition humanitaire par des dons en ces temps difficiles. »