Hagop et Anaheed se racontent
Je m’appelle Hagop. Je suis âgé de 90 ans. Je suis d’origine libanaise et arménienne et j’étais auparavant administrateur professionnel. Je vis avec ma sœur de 80 ans Anaheed, jadis créatrice de vêtements, dans un appartement près du port que nous louons depuis des années.
Le jour de l’explosion, nous étions à la maison et nous avons soudainement entendu des bruits venant du port, semblables à des coups de mitrailleuses. Ma sœur et moi sommes allés dans notre chambre à coucher, qui surplombe le port, pour voir ce qui se passait. Les bruits étaient très forts et nous avions l’impression d’entendre également des moteurs d’avions. Et il y avait aussi cet énorme incendie! Nous avons eu très peur et sommes rapidement rentrés. Le temps que nous arrivions au bout du corridor principal, près de l’entrée, et d’entrer dans la salle de bain, une très grosse explosion s’est produite et a secoué tout ce qu’il y avait dans l’appartement.
Le choc était si fort qu’il a complètement détruit toutes les fenêtres et les portes et projeté ma sœur dans les airs comme beaucoup de nos meubles. Certains sont retombés sur ma sœur, la blessant au dos, aux jambes et à la tête.
Elle n’a pas pu bouger jusqu’à ce que des gens nous viennent en aide et enlèvent le mobilier tombé sur elle. Depuis ce jour, elle a du mal à marcher et encore mal au dos, malgré les médicaments. Notre ouïe a également été affectée par l’explosion.
Malgré tout, c’est encore un miracle de ne pas avoir été blessés plus sérieusement et de nous en sortir sans une seule fracture. Si nous avions été ailleurs dans l’appartement lors de l’explosion, nous serions certainement morts parce qu’il reste des fenêtres partout alentour sauf ici.
Les portes et les fenêtres ont été projetées dans les airs et détruites par le choc, y compris la porte principale. Nous avons dormi devant pendant trois jours en attendant qu’elle soit réparée parce que nous avions peur de nous faire voler. C’est arrivé à nos voisins d’en haut. Des voleurs sont venus durant la nuit et ont pris tout ce qui avait été laissé dans l’appartement qui pouvait avoir de la valeur. Aujourd’hui, les fenêtres et les portes sont réparées, mais il reste du travail à faire.
L’église nous a donné des bons avec lesquels nous avons acheté de la nourriture au supermarché. Ils ont également eu la gentillesse de nous donner un nouveau réfrigérateur et un nouveau four parce que les nôtres ne fonctionnaient plus depuis l’explosion. Des gens de l’église cuisinent pour nous et nous apportent des repas chauds tous les jours. Je ne peux pas cuisiner du tout maintenant, alors les repas préparés sont vraiment bien - nous n’avons qu’à les réchauffer avant de les manger.
Je ne sais pas si cette situation va durer encore longtemps et pendant combien de temps nous pourrons tenir, surtout à notre âge. Nos petites économies sont gelées à la banque et ne valent plus grand-chose de toute façon. Mais nous sommes reconnaissants parce que Dieu nous a protégés!
L’aide reçue par Hagop et Anaheed a été rendue possible par les généreux dons des Canadiens et des Canadiennes et le fonds de contrepartie du gouvernement canadien dans le cadre de l’appel de collecte de fonds de la Coalition humanitaire en appui à la crise au Liban.
Témoignage recueilli par : Les partenaires de la Banque canadienne de grains World Renew et MERATH. Crédit photo : MERATH