Des sinistrés prennent un bateau pour se sauver des inondations

« Je ne suis plus la même femme »

Après l’ouragan qui a frappé le Nicaragua à la mi-novembre 2020, Yodelsi Alfonso Lagos n’est pas parvenue à retrouver sa maison.

« Lorsque nous avons quitté le refuge, nous ne savions pas où nous étions, raconte cette femme de 40 ans, mère de deux filles. Je me suis rendue là où se trouvait normalement ma maison, mais je ne pouvais pas la trouver. »

L’ouragan, le deuxième à frapper le pays après la tempête Eta du 4 novembre, venait de balayer sa communauté de Lapan, près de la côte caraïbéenne.

Avant les tempêtes « ma communauté était magnifique, se rappelle-t-elle. Après, notre vie a changé ».

Même si l’ouragan Eta était puissant, la famille a tout de même pu la traverser sans quitter sa résidence. Mais Iota, qui s’est abattu le 17 novembre, était plus violent que le premier.

La famille, qui avait été avertie de gagner un refuge avant la tourmente, s’est rendue dans une petite installation pour demeurer en sécurité.

« Nous avions très peur dans le refuge, raconte Yodelsi. Tout le monde criait et priait. Nous pouvions entendre les maisons s’écrouler à l’extérieur et les gens crier. Nous n’avions jamais éprouvé un ouragan de cette intensité. »

Lorsque la tempête s’est terminée, Yodelsi a vu que toutes les habitations avaient disparu, y compris la sienne.

« Les maisons avaient été balayées, les toitures arrachées, les vêtements, le pain, tout ce qui se trouvait à l’intérieur s’était envolé », ajoute-t-elle.

Elle raconte qu’à mesure que ses concitoyens regardaient autour d’eux, personne ne disait mot. « C’était comme s’ils étaient dans un autre monde. C’était un silence total, rempli de tristesse. »

Et en voyant son propre foyer détruit : « mon esprit s’est totalement écroulé, dit-elle, mes casseroles étaient abîmées, tous nos seaux et ustensiles de cuisine avaient disparu, emportés par le vent. Nous n’avions pas de nourriture ».

Malgré tout, Yodelsi remercie le ciel d’être toujours vivante. « C’est un miracle, confie-t-elle. Nous avons survécu. Dieu merci, personne n’est mort. »

Une semaine plus tard, l’aide est arrivée par le biais de l’organisme Oxfam, appuyé par la Coalition humanitaire et le gouvernement du Canada.

Yodelsi et sa famille ont reçu des trousses d’hygiène, du matériel pour l’entreposage de l’eau, des ustensiles de cuisine, des équipements de protection individuelle pour prévenir la COVID-19 et des pompes pour nettoyer les puits de la ville.

« Je ne suis plus la même femme », estime Yodelsi à la suite de la formation qu’elle a reçue pour combattre la COVID-19, entreposer et transporter l’eau pour prévenir la contamination et défendre ses droits et ceux des femmes et des filles de la communauté.

« D’autres ouragans vont survenir, mais je suis préparée », conclut-elle.